À l’affut, Trafigura chercherait à investir dans la filière cobalt congolaise
À rebours de nombre d’autres opérateurs, frappés de plein fouet par la faiblesse des prix du cobalt, le spécialiste des matières premières Trafigura pourrait prochainement renforcer ses engagements dans la filière congolaise.
Pour le géant suisse, il faut savoir investir à contre-cycle. Selon des indiscrétions divulguées lundi 14 octobre par le quotidien économique Financial Times, le négociant serait le chef de file d’un consortium qui pourrait investir jusqu’à 450 millions de dollars dans la construction d’une usine de traitement du cuivre et du cobalt en RDC, à proximité de la mine de Mutoshi, au Katanga. Le site est la propriété de Chemaf, filiale congolaise du Dubaïote Shalina Resources, qui est le principal fournisseur en cobalt de Trafigura. La décision d’investir, si elle est confirmée, intervient dans un contexte où les cours du cobalt sont encore loin de leurs plus hauts annuels, ce qui laisse supposer que la firme suisse fait le pari d’une reprise prochaine du marché. Pour rappel, l’autre géant helvétique du secteur, Glencore, avait décidé en août de suspendre d’ici la fin de l’année sa production sur son site congolais de Mutanda, l’une des plus grandes mines de cobalt au monde, en raison précisément de la forte chute des prix du minerai. Depuis, les cours du cobalt ont rebondi de 45 %, à 17,7 dollars la livre, ce qui semble donner raison à la stratégie de positionnement « en bas de cycle » de Trafigura.
De fait, le cobalt reste plus que jamais stratégique, le minerai entrant notamment dans la fabrication des batteries électriques (smartphones, tablettes, voitures électriques…). Les équipes du cabinet spécialisé Benchmark Minerals Intelligence prévoient ainsi que la demande de piles au lithium ionique au cobalt passera de 75 000 tonnes en 2019 à 152 000 tonnes en 2024, soit un doublement en cinq ans. De solides perspectives qui n’ont, selon toute évidence, pas échappé à Trafigura.