Affaire Aliou Sall : le président sénégalais réplique
Cinq jours après des accusations de corruption portées contre l’un de ses frères dans un documentaire de la BBC consacré au secteur des hydrocarbures du pays, le président sénégalais Macky Sall a annoncé qu’il allait saisir le procureur de la République pour faire la lumière sur cette affaire.
La nouvelle a été relayée le vendredi 7 juin par les médias locaux : selon une source proche du dossier, le chef de l’État souhaite l’ouverture d’une information judiciaire qui « ne laissera personne de côté ». Intitulée « The $ 10 Billion Energy Scandal » (Le scandale à dix milliards de dollars) et diffusée (voir ici le documentaire, en anglais) dimanche 2 juin, l’enquête de la chaîne publique britannique affirme qu’Aliou Sall, frère cadet du président de la République, aurait touché des pots-de-vin liés à l’attribution en 2012 de deux champs pétroliers et gaziers, cédés au sulfureux homme d’affaires Frank Timis.
À l’époque, peu après l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, la société Petro-Tim de l’entrepreneur australo-roumain, associée à la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen) s’était vue confirmer ses droits d’exploitation sur deux champs pétroliers et gaziers au large du Sénégal. La firme, novice dans le secteur, aurait ensuite – toujours selon la BBC – revendu ses participations au géant pétrolier BP pour 250 millions de dollars en 2017, transaction assortie de redevances de quelque 10 milliards de dollars sur quarante ans. Des allégations qu’Aliou Sall a qualifiées mardi, en conférence de presse, de « totalement fausses », le frère cadet du président sénégalais promettant de poursuivre la BBC en diffamation. Le gouvernement sénégalais a pour sa part dénoncé un « reportage manifestement tendancieux » et « ponctué de graves et fausses allégations sur la gouvernance des ressources pétrolières du Sénégal ».
Une polémique qui a au moins le mérite d’éclairer les enjeux liés à la future manne pétrolière et gazière du Sénégal. Historiquement importateur d’hydrocarbures, le pays, qui a découvert l’équivalent de près de 3 milliards de barils de réserves de pétrole au cours des dernières années, pourrait livrer ses premiers barils dès 2021.