Bayer s’engage à investir 5 milliards d’euros pour développer de meilleurs herbicides
Attaquée de toutes parts1 depuis qu’elle a racheté Monsanto en 2018 – la firme américaine créatrice du controversé herbicide Roundup –, la société pharmaceutique et agrochimique allemande Bayer a annoncé vendredi 14 juin un plan d’investissement de 5 milliards d’euros pour développer de nouvelles solutions phytosanitaires, plus respectueuses de l’environnement et de la santé. Reste à voir si l’Afrique en profitera.
1 Un jury californien a encore condamné en mai le groupe allemand, propriétaire du Roundup, à verser plus de 2 milliards de dollars de dommages à un couple affirmant que l’herbicide était à l’origine de leur cancer.
Pour redorer une image ternie par la polémique entourant le Roundup – un herbicide à base de glyphosate, accusé de provoquer des cancers et dont il est désormais propriétaire –, le groupe allemand de Leverkusen (nord-ouest de l’Allemagne), grâce à sa nouvelle génération de désherbants, ambitionne « de réduire de 30 % l’impact environnemental d’ici 2030 ». Un objectif que le communiqué de l’entreprise veut à la mesure de sa « responsabilité renforcée et [son] potentiel unique pour faire progresser l’agriculture au bénéfice de la société et de la planète ». Rien de moins.
Mais loin de signer l’arrêt définitif du Roundup, Bayer rappelle que « le glyphosate continuera de jouer un rôle important dans l’agriculture et dans le portefeuille [de Bayer], l’entreprise [étant] déterminée à proposer un choix plus vaste aux cultivateurs ». En Afrique, le glyphosate, qui est tombé dans le domaine public en 2000, et est donc moins cher que d’autres solutions phytosanitaires, continue d’être intensivement utilisé dans l’agriculture. Notamment en Afrique du Sud, première puissance agricole du continent. Une donne qui ne devrait pas changer de sitôt : entre des environnements nationaux laissant souvent à désirer (réglementation faible, frontières poreuses, multiplicité de pesticides génériques non brevetés…) et les défis du siècle à relever (explosion démographique, autosuffisance alimentaire, raréfaction des terres arables), la promesse alléchante de « meilleurs rendements à moindre coût » devrait continuer à exercer encore longtemps son pouvoir d’attraction. Et peu importe les risques encourus.