Cacao : la montagne ivoiro-ghanéenne accouche d’une souris
Très attendue, la réunion technique entre les autorités nationales et l’industrie du cacao, qui devait permettre l’instauration d’un système de prix plancher de 2600 dollars/tonne, aura finalement été une grosse déception.
Tenue le 3 juillet à Abidjan, la rencontre entre les représentants des deux premiers producteurs mondiaux de cacao (65 % de l’approvisionnement global) et les opérateurs privés de la filière n’a abouti à aucun accord. D’emblée, Abidjan et Accra ont annoncé qu’ils inséreraient dans les contrats d’exportation une clause de « différentiel de revenu de subsistance » de l’ordre de 400 dollars/tonne, entrant automatiquement en vigueur si le cours mondial venait à descendre en dessous des 2 600 dollars. Un mécanisme qui, selon le directeur général du Conseil du café-cacao (CCC) Yves Brahima Koné, « contribuerait à fournir un prix rémunérateur aux producteurs ».
Louable dans son intention, l’initiative ivoiro-ghanéenne n’a cependant pas fait l’unanimité parmi les industriels du secteur. Pour la majorité de ces négociants, qui se refusent à supporter l’ensemble du risque de chute des cours, c’est au seul marché qu’il revient de déterminer le « juste » prix. Une position qu’a peu goûtée Joseph Boahen Aidoo, le patron du Cocobod (Ghana). « S’ils ne veulent pas payer le prix que nous leur proposons, ils peuvent aller ailleurs », a menacé en conférence de presse le dirigeant ghanéen, relayé par les médias locaux. D’autres grands noms de la filière ont cependant préféré jouer l’apaisement. Cité par Reuters, John Ament, vice-président mondial du cacao pour Mars, a ainsi confirmé que son groupe « soutenait les mesures prises par les gouvernements pour intervenir afin d’atteindre un prix plus élevé conduisant à une augmentation substantielle de ce qui est versé à l’agriculteur ». La porte des négociations est donc loin d’être fermée, et la Côte d’Ivoire et le Ghana ont d’ores et déjà indiqué qu’ils initieraient de nouvelles rencontres avec les acteurs de la filière cacao.