Ce qu’on retiendra du Salon 2019 de l’Agriculture et des Ressources Animales d’Abidjan
Tenue du 22 novembre au 1er décembre à l’initiative du gouvernement ivoirien, la cinquième édition du Salon international de l’Agriculture et des Ressources Animales (SARA) d’Abidjan a fait le plein et prouvé le dynamisme du secteur primaire ivoirien.
Selon le premier bilan tiré par les organisateurs, près de 600 entreprises et structures diverses venues de 29 pays ont répondu présentes pour accueillir les 360 000 visiteurs qui se sont rendus sur les lieux, situés à proximité de l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny. Une forte fréquentation qui semble confirmer les belles performances agricoles de la première puissance économique de la zone UEMOA : exportations de fèves de cacao en progression de 7,1 % sur 12 mois, ventes de caoutchouc naturel en hausse de 11 %, récolte record de coton (+ 16 %, à 510 000 tonnes), bonne santé des cultures vivrières… Cette édition 2019 du SARA a également mis en lumière les développements positifs de la filière élevage. Ovins, caprins, porcins… Au total, la Côte d’Ivoire a produit cette année plus de 61 000 tonnes de viande, un chiffre supérieur aux estimations initiales du gouvernement. Sur le plan halieutique aussi, le pays peut se prévaloir de résultats appréciables : avec ses 150 000 ha de lagunes, ses 350 000 ha de lacs et ses 200 000 km² d’espaces maritimes, il tire annuellement près de 160 000 tonnes de poissons de la pêche industrielle.
Transformation et financement
La transformation de la production locale reste cependant toujours faible, à un tiers environ. Un point essentiel sur lequel est revenu le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, lors de son discours de clôture. « […] Le gouvernement ivoirien va accélérer la transformation sur place de nos matières premières sur lesquelles notre pays occupe les premiers rangs dans le monde et dispose d’importants avantages comparatifs : le cacao, le coton, l’hévéa et le palmier à huile pour ne citer que ces exemples », a réitéré le chef de l’exécutif ivoirien. Autre insuffisance évoquée par nombre de professionnels présents au SARA, le manque de soutien accordé à l’agriculture. « L’agriculture en Côte d’Ivoire nourrit 70 % de la population. Pourtant, seulement 5 % du secteur agricole bénéficie de financement », a ainsi rappelé Issa Fadiga, directeur général de la Banque populaire de Côte d’Ivoire. Pas étonnant dans ces conditions que le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumani, ait invité les acteurs bancaires à remédier à ce problème afin de soutenir durablement la filière. En attendant que les institutions financières acceptent d’ouvrir davantage les vannes du crédit, les autorités ivoiriennes se sont d’ores et déjà félicitées du niveau record des intentions d’investissements, qui s’élevaient à la clôture du Salon à 238 milliards de francs CFA (400 millions de dollars, soit près du double du montant atteint lors la précédente édition en 2017, à 140 milliards).
Nouveautés
On retiendra également le lancement du processus de labellisation de l’Attiéké des Lagunes et des pagnes baoulé en Indications géographiques protégées (IGP) par le ministre du Commerce et de l’Industrie, Souleymane Diarrassouba. Au célèbre mets ivoirien et au tissu traditionnel héritier du royaume ashanti, devraient par la suite se joindre les poteries de Katiola, la toile artisanale de Korhogo, le café des montagnes de Man, le cacao de Soubré et la mangue Kent de Korhogo, ont fait savoir les organisateurs. Enfin, cette cinquième édition du SARA a inauguré son premier hackathon, dénommé Agreen-Startup. Parmi les 19 projets en compétition, le premier prix est finalement revenu à la start-up BioSave, qui permet aux agriculteurs de fabriquer leur propre engrais en revalorisant les déchets. De quoi augurer « d’une agriculture africaine disposant d’atouts et de potentialités à même de lui permettre de faire face aux défis de la sécurité alimentaire et de la nutrition, à l’horizon 2030 », a conclu le Premier ministre ivoirien.