Côte d’Ivoire : un pas de plus dans l’opérationnalisation de la Bourse des matières premières agricoles
Après le lancement début février d’un programme de 3 mois destiné à former les acteurs de sa mise en œuvre, et la rencontre, fin mai, entre les équipes de la Bourse régionale des valeurs mobilières, les autorités de la région du Poro (Nord du pays) et la représentation régionale du ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MINADER), un nouveau pas a été franchi ce mercredi, avec la signature d’un mémorandum d’entente entre la BRVM – qui endosse le rôle de partenaire technique, et l’Autorité de régulation du système de récépissés d’entreposage (ARRE), en charge de la régulation et du fonctionnement de l’activité.
Outre la création d’un cadre institutionnel entre les deux structures, cet accord formalisera la mise en œuvre des récépissés d’entrepôt, essentiels au bon fonctionnement de la BMPA. Document sécurisé délivré par le paysan chaque fois qu’il livre sa production dans l’un des magasins agréés par la BMPA, le récépissé d’entreposage, en rassurant sur les stocks effectivement disponibles, facilite les transactions. Pour Edoh Kossi Amenounve, directeur général de la BRVM, « [la BMPA] atteindra ses objectifs quand un producteur sera en mesure de choisir sa cadence de production en fonction des prix au comptant et à terme déterminés par l’offre et la demande ». Quant à Justin Koffi, DG de l’ARRE, il estime pour sa part que « la Côte d’Ivoire, qui compte plus de 23 produits agricoles éligibles pour des récépissés d’entreposage, ne peut réaliser une transformation structurelle de son économie sans créer une bourse des matières premières agricoles fondée sur un système d’entreposage supporté par des récépissés d’entreposage efficaces, fiables et conformes aux normes et standards internationaux (celui de l’ARRE a été audité par la SFI et répond donc à toutes ces normes, NDLR) ».
Autre enjeu lié au lancement de la BMPA, la mise à disposition de solutions de stockage permettant de conserver les produits agricoles dans des conditions optimales, seuls 266 entrepôts répondant actuellement à ces critères sur le millier approximatif répertorié à travers le territoire. Selon Justin Koffi, au regard de l’évolution de la production nationale (noix de cajou notamment, l’une des 3 valeurs sur lesquelles se concentrera dans un premier temps la BMPA, avec la noix de cola et le maïs), il faudra compter environ 37 milliards de francs CFA pour mettre l’ensemble de ces infrastructures aux normes voulues et faire en sorte que le pays dispose de capacités suffisantes afin d’assurer le bon fonctionnement de la BMPA. Un enjeu majeur sachant que, d’après les estimations, les pertes post-récolte en Afrique représentent plus de 37 % de la production agricole – 40 % en Côte d’Ivoire selon le ministère de l’Agriculture et du Développement durable –, faute de pouvoir stocker la production et surtout de pouvoir l’écouler sur le marché. Sans compter qu’en structurant l’activité des paysans et en leur offrant davantage de visibilité ainsi que des revenus plus stables, ces outils pourraient constituer une réponse efficace à la problématique du financement de la production et assainir durablement l’écosystème agricole ivoirien.
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