Croissance : les 5 pays d’Afrique subsaharienne qui souffriront le plus en 2020
Si le FMI estime à 3 % la chute du PIB de la région en 2020, tous les Etats ne seront pas logés à la même enseigne. Les pays exportateurs de matières premières font partie des plus touchés. Passage en revue des 5 économies africaines qui perdront le plus cette année.
Relativement épargnée sur le plan sanitaire par la pandémie du coronavirus, l’Afrique subsaharienne n’en connaîtra pas moins une crise économique et sociale de grande ampleur en 2020, comme le relèvent les dernières « Perspectives » du Fonds monétaire international (FMI). Les analystes de l’institution financière estiment ainsi que l’économie de la région subira une contraction de 3 % en 2020, selon leurs projections, « les pires perspectives jamais établies ». Certains pays seront néanmoins plus affectés que d’autres, les lanternes rouges du continent étant notamment celles qui sont le plus tributaires des exportations de matières premières et des flux de fonds extérieurs (tourisme, envois de fonds de la Diaspora, investissements directs étrangers…).
Un constat sans fard qui rappelle, encore une fois, que le principal écueil rencontré par nombre de pays africains est l’absence de diversification économique. A contrario, le rapport confirme qu’en dépit de cette conjoncture difficile, plusieurs Etats, à la base économique plus diversifiée, parviendront à afficher cette année une croissance positive, à l’image du Sud-Soudan (+4,1 %), du Bénin(+2 %), du Rwanda (+2 %), de l’Éthiopie (+1,9 %) , de la Tanzanie (+1,9 %) et de la Côte d’Ivoire (+1,8 %). La région dans son ensemble devrait toutefois connaître une reprise dès 2021 avec une croissance globale attendue de 3,1 %.
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Sans plus attendre, voici la liste des 5 pays d’Afrique subsaharienne qui devraient subir la plus forte récession de leur économie en 2020, selon les dernières prévisions du FMI.
- Maurice
Economie la plus compétitive d’Afrique subsaharienne selon la Banque africaine de développement (BAD), Maurice a trébuché en 2020 pour les mêmes raisons qui ont fait son succès au cours des précédentes décennies : sa forte exposition aux marchés mondiaux, notamment par le biais du tourisme et des services financiers (74 % du PIB), les deux piliers économiques du pays. Avec une mondialisation à l’arrêt (quasi) total au cours du second trimestre, suivi d’une lente reprise depuis, c’est l’ensemble de l’économie de l’île qui boira la tasse en 2020. De quoi rendre encore plus difficile la redistribution des fruits du « miracle » économique mauricien, déjà compromis avant la crise : selon la Banque mondiale, l’écart entre les revenus des 10 % des ménages les plus pauvres et ceux des 10 % les plus riches se serait creusé de 37 % entre 2001 et 2015.
Croissance attendue en 2020 : -14,2 %
Principales sources de revenus : Tourisme, Services financier
2. Seychelles
Confetti d’îles (une centaine) aux plages de sable fin, l’archipel des Seychelles voit aujourd’hui son rêve de devenir une destination incontournable du tourisme de luxe (360 000 visiteurs en 2018, soit quatre fois plus que la population totale du pays) se transformer en cauchemar. Dans la foulée de la crise née du coronavirus- et de son confinement associé- c’est l’ensemble de l’industrie touristique mondiale qui s’est effondrée. Une terrible configuration pour un petit pays qui a précisément tout misé sur cette carte (60 % du PIB)… et déjà habitué aux secousses économiques : au sortir de la crise financière de 2008, les Seychelles- plombées par la récession- s’étaient retrouvées en défaut de paiement.
Croissance attendue en 2020 : -13,8 %
Principale source de revenus : Tourisme
3. Zimbabwe
Pays d’Afrique australe englué depuis plus de deux décennies dans une crise économique sévère (inflation galopante, pénuries de nombreux produits de première nécessité…), le Zimbabwe a sombré encore un peu plus dans l’abîme en 2020, dans le sillage de la pandémie du coronavirus, d’une sécheresse inhabituelle et de la récession économique. Résultat, c’est près de 60 % de la population qui pourrait se retrouver en situation d’insécurité alimentaire d’ici à la fin de l’année, pronostique déjà le Programme alimentaire mondial (PAM). Le bout du tunnel n’est pas pour demain…
Croissance attendue en 2020 : -10,4 %
Principale source de revenus : Matières premières (Or, Platinum, Tabac….)
4. Botswana
Bon élève de la classe économique africaine, le Botswana n’en connaîtra pas moins une terrible année 2020. En cause, le poids disproportionné de sa filière diamant (36 % du PIB) et sa forte dépendance à l’industrie indienne de la taille et du polissage, qui s’est littéralement figée au moment du confinement de mars-avril. Un coup dur pour le deuxième producteur mondial de carats (derrière la Russie), qui doit plus que jamais accélérer ses efforts de diversification économique.
Croissance attendue en 2020 : -9,6 %
Principale source de revenus : Matières premières (Diamant, Nickel….)
5. Afrique du Sud
Première économie industrialisée du continent et puissance minière de premier plan, l’Afrique du Sud n’en est pas moins sur la corde raide. Alors que le géant d’Afrique australe multiplie les contre-performances économiques depuis des années, les prévisions pour 2020 sont tout simplement catastrophiques (-8 %), le déclin étant principalement fort dans les secteurs de l’agriculture, de l’industrie manufacturière et des mines, qui ont vu leur activité chuter dans des proportions historiques, dans le sillage de la pandémie de coronavirus. Une difficulté de plus pour un pays qui, près de 30 ans après la fin de l’Apartheid, n’en finit plus de se débattre avec ses démons (inégalités sociales, chômage, criminalité…).
Croissance attendue en 2020 : -8 %
Principales sources de revenus : Mines, Agriculture, Tourisme, Services financiers