Déforestation : l’Afrique, mauvaise élève selon la FAO
L’enjeu : chiffrer l’impact de la déforestation en Afrique et en comprendre les raisons
Publié début mai, le dernier rapport consacré aux ressources forestières de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) montre une décélération globale de la déforestation dans le monde… sauf en Afrique.
De 2010 à 2020, le continent a perdu 3,9 millions d’hectares de surface forestière par an, contre 3,4 millions d’hectares entre 2000 et 2010. Pire, « le taux de perte nette de superficie forestière a augmenté en Afrique sur chacune des périodes concernées depuis 1990 », constatent, dépités, les auteurs de l’étude. Une évolution à rebours du reste de la planète, l’Asie, l’Océanie et l’Europe ayant pour leur part enregistré une croissance nette de leur couvert forestier entre 2010 et 2020 (voir graphique ci-dessous). Même l’Amérique du Sud, autre médiocre élève du classement (2,6 millions d’hectares de surface forestière perdue par an entre 2010-2020), a vu le rythme de destruction de ses forêts divisé par deux en une décennie (de 5,2 millions d’hectares de surface forestière perdue par an entre 2000-2010 à 2,6 millions entre 2010-2020).
Gestion des forêts
Les équipes de la FAO notent par ailleurs que seuls 24 % des forêts africaines font l’objet de plans de gestion à long terme (voir graphique ci-dessous) ; une proportion sans commune mesure avec ce qui fait ailleurs (96 % en Europe, 64 % en Asie et 59 % en Amérique du Nord et centrale) et qui explique sans doute pourquoi la coupe et l’exploitation illégale de bois restent souvent peu contrôlées.
Un phénomène qui affecte notamment le bassin du Congo, second poumon vert de la planète, derrière l’Amazonie. Ce massif forestier, grand comme cinq fois la France (3 millions de km2), représente de fait l’écrasante majorité de la surface boisée du continent. En termes relatifs pourtant, d’autres régions africaines sont encore plus touchées par la déforestation. Corroborant les conclusions du rapport de la FAO, une étude de l’ONG environnementale Global Forest Watch, parue fin avril 2020 et basée entre autres sur des données satellitaires, rappelle ainsi que c’est au Ghana et en Côte d’Ivoire que les pertes de surfaces forestières se sont le plus accélérées au cours des dernières années, le rythme de destruction des forêts primaires ayant augmenté respectivement de 60 % et 26 % dans ces deux pays d’Afrique de l’Ouest, conséquence directe de « l’exploitation minière illégale » et de « l’expansion des exploitations cacaoyères ».
Réglementation
Une menace sur l’écosystème que les États africains prennent de plus en plus au sérieux. Plusieurs pays ont d’ores et déjà adopté des dispositifs réglementaires plus contraignants, à l’image de la Côte d’Ivoire, qui a promulgué en juillet 2019 un nouveau code forestier impliquant davantage les acteurs privés de la filière tout en renforçant les sanctions. Il était temps : estimé à 37 % du territoire national en 1960, le massif forestier ivoirien représente aujourd’hui moins de 10 % de celui-ci.
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