Kenya : la crise du coronavirus fait le bonheur de la filière horticole
L’enjeu : Comprendre en quoi les perturbations actuelles des chaînes logistiques ont eu un impact (globalement) positif sur la filière horticole kényane
Dans le sillage de la désorganisation des chaînes d’approvisionnement mondiales, provoquées par la crise sanitaire du coronavirus, les prix horticoles ont flambé, au plus grand bonheur de la filière kenyane.
En forte croissance depuis les années1990, la filière horticole kenyane a poursuivi sa trajectoire ascendante au premier trimestre 2020, semblant ainsi défier la crise économique née dans le sillage de la pandémie du Covid-19. Publiés par la Direction de l’Horticulture (Horticulture Directorate), les derniers chiffres trimestriels du secteur montrent en effet que la valeur de la production horticole nationale a progressé de 8 milliards de shillings (75 millions de dollars) par rapport à la même période en 2019, pour atteindre 47 milliards de shillings (439 millions de dollars), soit une hausse de 21 %. Une performance d’autant plus remarquable que, dans le même temps, les volumes exportés ont eux… baissé de 14 % (de 98 000 tonnes à 84 000 tonnes), conséquence directe des perturbations constatées sur les chaînes logistiques mondiales depuis les débuts de la crise sanitaire du coronavirus.
Cité par le quotidien des affaires Business Daily, Benjamin Tito, chef de l’Horticulture Directorate, explique cet apparent paradoxe par le fait que les difficultés d’approvisionnement en produits horticoles, à l’échelle mondiale, ont mécaniquement « […] tiré vers le haut les prix des produits disponibles, notamment ceux des produits horticoles kenyans, faisant ainsi plus que compenser la baisse des volumes ». Également mentionné par le journal kenyan, Ojepat Okesegere, responsable du Fresh Produce Consortium – une organisation locale regroupant les exportateurs de produits frais –, abonde dans le même sens lorsqu’il constate que « les commandes sont là et [que] le marché est prêt à payer plus […] », tout en rappelant que « les vols de fret restent un défi ». Une tendance positive qui, selon le dirigeant, devrait se poursuivre au cours du second trimestre, la fête des Mères en mai étant traditionnellement une période de forte activité pour le secteur horticole.
Véritablement lancée depuis les années 1990, la filière horticole kenyane des produits exportés (haricots, fleurs coupées, avocats…) est aujourd’hui l’un des secteurs les plus florissants de la première économie est-africaine avec 575 millions de dollars de marchandises expédiées en 2018, soit vingt fois plus qu’en 1992 (27 millions de dollars). Une filière qui, au-delà des qualités intrinsèques de la production locale, doit aussi beaucoup à l’efficacité du modèle logistique mis en place par l’État, autour du hub de l’aéroport international Jomo-Kenyatta (entrepôts frigorifiques, Centre de l’horticulture de Nairobi tout proche, réservoir important de main-d’œuvre qualifiée…).
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