La Banque mondiale prédit une récession africaine en 2020, pays exportateurs de matières premières en tête
Publiée le 9 avril, la dernière édition du rapport « Africa’s Pulse » de la Banque mondiale est on ne peut plus claire : « la pandémie de Covid-19 entraîne[ra] l’Afrique subsaharienne vers sa première récession depuis 25 ans ».
Le constat, établi par Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique, est valable, quel que soit le scénario retenu (de -2,1 % à -5,1 % de baisse escomptée du PIB). Une contraction de l’activité économique que les équipes de l’institution financière attribuent « essentiellement à la chute brutale des cours des matières premières », nombre « d’États exportateurs d’hydrocarbures ayant bâti leur budget sur un baril de pétrole valant 55/60 dollars », rappellent les auteurs du document. Des estimations devenues depuis complètement caduques : au 13 avril, le prix du baril selon le panier de l’OPEP, indice de référence pour les pays pétroliers exportateurs, se situait autour de 25 dollars. Dans ces conditions, la plus forte décélération économique attendue viendra de trois pays : l’Afrique du Sud, l’Angola et le Nigeria, qui sont justement les trois principaux exportateurs africains de matières premières (mines, pétrole et gaz).
Selon les projections de la Banque mondiale, ces poids lourds économiques du continent pourraient ainsi connaître une croissance négative de 6,9 % en 2020, et jusqu’à 8 %, si l’on se fie au scénario le plus pessimiste. Les seuls pays à maintenir un semblant de croissance devraient être ceux n’exportant pas ou peu de ressources minérales, à l’image de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Rwanda. Un enseignement statistique qui donne plus que jamais du grain à moudre aux partisans d’une plus grande diversification économique.
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Pour faire face à ce choc annoncé, le rapport préconise de préserver coûte que coûte le commerce intra-africain, seul canal d’échange à même de mettre en commun les productions et stocks des uns et des autres. Autre axe prioritaire selon la Banque mondiale, le gel du service de la dette extérieure. « L’Afrique subsaharienne n’aura pas les moyens à la fois pour financer la lutte contre la pandémie et pour soutenir ses acteurs économiques les plus fragiles. Elle ne peut se passer d’une assistance financière internationale », conclut Albert Zeufack, préparant ainsi les esprits à une période particulièrement difficile. Le pire n’est pourtant jamais sur : après moult tractations, les États membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ont annoncé le 10 avril une baisse historique de leur production de 10 millions de barils par jour, à compter de mai. De quoi peut-être (enfin) faire repartir à la hausse les cours de l’or noir…
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