La Côte d’Ivoire décaisse 150 milliards de francs CFA pour venir en aide à ses filières agricoles
L’enjeu : soutenir le premier secteur pourvoyeur d’emplois du pays, durement touché par la crise liée au Covid-19
Annoncées fin mars par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, dans le cadre de son plan de riposte face à la pandémie du Covid-19, les mesures de soutien aux filières agricoles du pays commencent à être actées.
Vendredi 22 mai, le Conseil présidentiel sur l’état d’avancement de la mise en œuvre du Plan de soutien économique, social et humanitaire contre la Covid-19 a annoncé le déblocage immédiat d’une première enveloppe de 150,8 milliards de francs CFA (230 millions d’euros), dont 130 milliards directement dégagés par l’État. Le solde sera pris en charge par les partenaires bailleurs. Dans le détail, la filière anacarde ivoirienne – première productrice mondiale (761 331 tonnes en 2018) – se verra allouer une subvention de 35 milliards de francs CFA, l’objectif principal étant notamment de garantir un prix de 400 francs CFA (0,61 euro) le kilo aux producteurs. Suivent ensuite, par ordre décroissant de soutien financier, les filières de l’hévéa (24,98 milliards), du riz (12 milliards), la fruiticulture (10,5 milliards) ainsi que les filières du coton (5,56 milliards) et du palmier à huile (3,5 milliards). Ce soutien gouvernemental devrait par ailleurs bénéficier au secteur vivrier (maïs, manioc, bananes plantains, légumes et produits maraîchers) qui, en cumulé, percevra une subvention de 21,22 milliards de francs CFA. Idem pour l’élevage et la pêche, qui toucheront respectivement 1,5 milliard (filière porcine, apiculture et élevage de lapins) et 2,56 milliards de francs CFA (pêche artisanale et aquaculture).
Pas sûr cependant que ce plan d’aide ponctuel, décidé dans le cadre du plan de riposte gouvernemental face à la pandémie du Covid-19, suffira à changer durablement la donne du secteur agricole ivoirien. Première productrice mondiale, la filière anacarde ivoirienne pourrait ainsi se heurter – encore une fois et malgré la volonté gouvernementale de garantir un prix de 400 francs CFA (0,61 euro) le kilo – à une décote du cours officiel, les acheteurs étrangers arguant souvent de la faible teneur en amende des noix de cajou ivoiriennes pour imposer un prix réduit. Une situation récurrente, liée aux forces du marché, qui ne devrait pas changer de sitôt. La dernière enquête (2015) sur les ménages de l’Institut national de statistique a rappelé quant à elle que 57 % des pauvres en Côte d’Ivoire vivaient dans le monde rural tandis que 15 % des ruraux souffraient d’insécurité alimentaire, contre 10 % des citadins.
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