[ALERTE] La Côte d’Ivoire et le Ghana font plier les négociants en cacao pour obtenir un meilleur prix
Coup de tonnerre dans le monde du cacao : la Côte d’Ivoire et le Ghana, les deux premiers producteurs mondiaux de fèves, ont annoncé mercredi 12 juin à Accra qu’ils ne vendraient plus leur cacao en deçà de 2 600 dollars la tonne. Un ultimatum que les négociants de la filière, en position de faiblesse, ont accepté.
Dans l’intervalle, et jusqu’à l’obtention d’un accord définitif, les deux pays ont confirmé suspendre leur vente pour le cacao qui sera récolté lors de la prochaine campagne de 2020-2021 (les récoltes sont habituellement vendues avant le début de chaque campagne, NDLR). Une décision « historique », a salué le directeur général du Ghana Cocoa Board (Cocobod), Joseph Boahen Aidoo, à l’issue de deux jours de réunions entre producteurs, négociants et responsables politiques, et très largement approuvée par les principaux bénéficiaires, les producteurs. Présent lors de ces rencontres, le directeur général du Conseil Café Cacao de Côte d’Ivoire, Yves Brahima Koné, a rappelé qu’il s’agissait d’« obtenir des industriels et des autres partenaires de la filière un prix qui puisse rémunérer le travail de l’homme décemment ». Pour l’heure, le rapport de force semble plutôt favorable aux exploitants cacaoyers, négociants et transformateurs ayant accepté – sur le principe – le prix plancher proposé de 2 600 dollars la tonne. Ils ont toutefois demandé une nouvelle réunion, technique cette fois, le 3 juillet, afin d’examiner dans le détail les conditions de sa mise en œuvre. Cité par l’AFP, le directeur exécutif de l’Organisation internationale du cacao (ICCO), Michel Arrion, circonspect, a quant à lui averti que « la hausse du prix sur le marché mondial n’[irait] pas forcément dans la poche des producteurs ».
Lire aussi : L’interview de Michel Arrion, directeur exécutif de l’ICCO
Le coup de force ivoiro-ghanéen donne en tous les cas du crédit au nouveau rapprochement stratégique des deux géants mondiaux de la filière cacao (62 % de la production mondiale), initié en 2018 et qui vise à peser davantage sur les cours internationaux. Comme le rappelle le dernier Cocoa Barometer, une étude sectorielle annuelle financée par un consortium d’ONG (Oxfam, Südwind Institut, Public Eye…), les producteurs de cacao ne percevraient en moyenne que 6,6 % des revenus générés sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Sur les marchés, l’annonce a contribué à pousser à la hausse le cours du cacao, qui évoluait jeudi en séance autour de 2 550 dollars la tonne à New York, un plus haut annuel.