La zone de libre-échange continentale officiellement lancée
En discussion depuis 2012, le projet de zone de libre-échange continentale (ZLEC) est officiellement devenu une réalité dimanche 7 juillet à Niamey avec le démarrage de sa première phase opérationnelle.
Réunis dimanche à Niamey, les 31 chefs d’État de l’Union africaine (UA) présents ont jeté les bases de la plus vaste zone de libre-échange de la planète : prise dans son ensemble (33 millions de km2), la ZLEC représente en effet un marché commun de 1,3 milliard d’habitants, au PIB cumulé de 2 500 milliards de dollars – l’équivalent du PIB français. « Malgré les retards, les pères fondateurs seraient heureux et nous béniraient là où ils se trouvent maintenant », s’est félicité le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, faisant allusion aux figures tutélaires du panafricanisme (Kwame Nkrumah, Sékou Touré, Gamal Abdel Nasser). Une logique d’intégration qui, dans un contexte global de protectionnisme grandissant, va à rebours du reste du monde.
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Concrètement, la première phase opérationnelle de la ZLEC va passer par la création de cinq outils techniques qui sont : les « règles d’origine », les « listes de concessions tarifaires dans le commerce des biens », le « mécanisme en ligne de surveillance et d’élimination des barrières non tarifaires continentales », la « plateforme panafricaine de paiements et de règlements numériques » et « l’Observatoire africain du commerce ». La rencontre des dirigeants africains dans la capitale nigérienne a aussi entériné l’adhésion des derniers pays récalcitrants, le Bénin et le Nigeria. Quant à l’Érythrée, ultime État du continent à n’avoir pas ratifié le projet, elle a fait savoir par la voix de son ambassadeur en Éthiopie, Semere Russom, qu’« [elle était disposée à signer l’accord de libre-échange] » et que « l’UA enverra bientôt un groupe d’experts pour aborder la question avec nos ministères compétents ». Il a par ailleurs été convenu que le siège et le Secrétariat de l’organisation seront localisés à Accra, au Ghana.
Reste que la ZLEC est loin de faire l’unanimité. Pour ses partisans, elle constitue une opportunité unique d’accélérer l’intégration africaine, le commerce intra-africain ne représentant aujourd’hui que 17 % des exportations totales du continent, contre 59 % en Asie et 69 % en Europe. Dans son dernier rapport sur le développement économique en Afrique, publié fin juin, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) estime pour sa part que l’avènement de la ZLEC pourrait se traduire par une augmentation de 33 % du commerce intra-africain.
A contrario, les détracteurs du projet évoquent le manque de complémentarité des économies africaines et la faiblesse des infrastructures, et craignent que des importations sans restrictions portent préjudice aux opérateurs des petits pays, moins armés que leurs pairs issus des poids lourds du continent (Afrique du Sud, Maroc, Égypte, Nigeria, Kenya…). Un débat que seul le temps pourra trancher.