Le Ghana et la Côte d’Ivoire, bonnets d’âne en matière de déforestation
Une récente étude de Global Forest Watch pointe du doigt l’inquiétante accélération de la déforestation au Ghana et en Côte d’Ivoire.
Pour les forêts tropicales, victimes séculaires des activités anthropiques, les années se suivent et se ressemblent : en 2018, c’est près de 12 millions d’hectares de massif forestier qui ont disparu à l’échelle du monde, dont 3,64 millions de forêts tropicales primaires essentielles pour la biodiversité. Telle est la conclusion d’une étude publiée fin avril par Global Forest Watch, basée entre autres sur des données satellitaires. Pour l’ONG, qui cartographie le couvert forestier mondial (et son recul constant) depuis 2001, il s’agit de la quatrième plus mauvaise année après 2014, 2016 et 2017.
Si le Brésil (1,348 million d’hectares de forêts tropicales primaires détruites en 2018), la République démocratique du Congo (0,48 million d’hectares) et l’Indonésie (0,33 million d’hectares) restent les pires destructeurs de forêt tropicale primaire de la planète en termes de surface, c’est au Ghana et en Côte d’Ivoire que les pertes se sont le plus accélérées entre 2017 et 2018. Dans ces deux pays d’Afrique de l’Ouest, le rythme de destruction des forêts primaires a ainsi augmenté respectivement de 60 % et 26 % (voir graphique ci-dessous) ; un record mondial peu flatteur.
Commentant ces résultats, le World Ressources Institute (WRI), un groupe de recherche américain, par ailleurs partenaire de GFW, attribue pour sa part ces contre-performances ghanéenne et ivoirienne à « l’exploitation minière illégale » et « l’expansion des exploitations cacaoyères », les deux pays étant les deux premiers producteurs mondiaux de cacao. En somme, la déforestation résulte en premier lieu des failles des États où elle est observée. Pourtant, « le Ghana, la Côte d’Ivoire et les grandes entreprises de cacao et de chocolat s’étaient engagés en 2017 à mettre fin à la déforestation au sein des chaînes d’approvisionnement en cacao », déplore l’institut qui rappelle au passage que la récente augmentation de la perte de forêts primaires s’est effectuée à 70 % dans des zones dites protégées. « Un signe inquiétant (WRI) » pour lequel les pouvoirs publics concernés tentent de trouver une solution : le gouvernement ivoirien a ainsi acté en juin 2018 un ambitieux plan décennal de préservation, de réhabilitation et d’extension des forêts. Reste à trouver les financements, estimés à 616 milliards de francs CFA sur la période (940 millions d’euros).