Le sud-africain Labat Africa se lance dans le cannabis.
Jusqu’à maintenant active dans les secteurs de la logistique et de la distribution, la société sud-africaine Labat Africa a annoncé son premier investissement dans la filière du cannabis légalisé. Elle devient ainsi l’une des premières firmes cotées du continent à intégrer ce segment en plein essor.
Petite entreprise sans histoires présente à la cote de Johannesburg depuis 1999, Labat Africa (4,9 millions de dollars de chiffre d’affaires et 0,78 millions de dollars de bénéfices en 2018) a pris de court la communauté des affaires en annonçant jeudi 5 septembre qu’elle lançait une nouvelle filiale dénommée Labat Cannabis, en vue de se positionner sur le marché en pleine croissance du cannabis légalisé. Une nouvelle qui a fait « planer » la communauté des investisseurs, visiblement euphorisés à l’idée des potentialités offertes par cette nouvelle activité : suspendue peu avant l’annonce faite par la direction de l’entreprise, la cotation du titre Labat Africa a repris à la bourse sud-africaine avec une progression de… 100 % ! La firme rejoint ainsi la mauricienne Go Life et les pionnières américaines et canadiennes (Aurora, Tilray, Canopy Growth…) dans le cercle très restreint des sociétés affiliées à l’industrie (légale) du cannabis et cotées en bourse. Les perspectives sont, il est vrai, alléchantes. Selon un récent rapport de Prohibition Partners, un groupe de réflexion qui milite pour une large dépénalisation du cannabis en Afrique, l’usage médical de cette plante pourrait représenter un marché de 800 millions de dollars dès 2023, quand le cannabis récréatif générerait, lui, une manne de 6,3 milliards de dollars.
Concrètement, l’entreprise sud-africaine a réalisé trois opérations distinctes pour mettre sur pied sa nouvelle division. En premier lieu, Labat Africa a pris une participation de 70% dans la société Knuckle Genetics, qui produit «des fleurs, des huiles et des concentrés de cannabis de haute qualité avec une teneur en tétrahydrocannabinol(THC, le principal composant psychoactif du cannabis) très élevée », et ce pour un montant de 4 millions de rands (250 000 dollars). Labat Africa a par ailleurs acquis une licence lui permettant de «cultiver, fabriquer, fournir, détenir, importer, exporter et faire transiter du cannabis au royaume du Lesotho», le petit pays, voisin de l’Afrique du Sud, ayant été le premier du continent africain à réguler le cannabis à usage médical, dès 2008. Enfin, pour compléter son dispositif, Labat a également racheté une société pharmaceutique, Paccon Pharmaceuticals, agréée par l’Autorité de réglementation des produits de santé sud-africains, et qui «fabrique et conditionne des liquides, des comprimés, des gélules, des crèmes et des gels». Une unité industrielle acquise quant à elle pour 10 millions de rands (625 000 dollars), et qui selon le communiqué de Labat Africa permettra de « produire des huiles à base de CBD (canabidiol, un autre composant du cannabis, ndlr) de haute qualité et des produits dérivés du cannabis pour les marchés de la vente au détail et en gros ». Au final, l’ensemble de ces accords devraient aider « Labat à devenir un acteur majeur de l’industrie du cannabis […]», notamment en Afrique, où la conjoncture récente semble des plus favorables : le Zimbabwe a depuis emboîté le pas au Lesotho, en légalisant l’usage du cannabis, tandis que l’Afrique du Sud autorise depuis septembre 2018 la consommation privée entre adultes.