Mali : le prix du kilo de coton abaissé à 200 francs CFA, au grand dam de la filière
L’enjeu : Mesurer l’impact de la baisse du prix du coton sur la filière malienne
Attendue par les acteurs de la filière coton malienne, la rencontre annuelle de fixation des prix a finalement fixé à 200 francs CFA (0,33 dollar) la valeur du kilogramme pour la campagne 2020/2021. Une baisse de 27 % par rapport au prix de la précédente campagne (275 francs CFA) et un coup de massue pour les producteurs, qui subissent ainsi la chute drastique des cours du coton, au plus bas depuis 2009.
Cette contraction des prix est en grande partie due à la pandémie du Covid-19 qui, outre la désorganisation des chaînes de valeur, pourrait infléchir de 12 % la demande mondiale en 2020, selon les estimations du Comité consultatif international du coton. Cité par les médias locaux, Baba Berthé, le patron de la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT) – l’entreprise publique qui pilote l’ensemble de la filière malienne de l’or blanc –, a pour sa part justifié ce nouveau prix de 200 francs CFA en notant qu’« entre avril 2019 et avril 2020, le prix de la fibre du coton a beaucoup perdu. En conclusion, « nous avons fait nos projections qui nous donnent 200 FCFA. C’est le prix de base que le marché mondial nous offre aujourd’hui ».
Le ministre de l’Agriculture, Baba Moulaye Haïdara, s’est quant à lui voulu rassurant, en rappelant que son « Département de tutelle [était] à pied d’œuvre pour trouver les meilleures solutions pouvant aboutir à une très bonne campagne ». Il a notamment confirmé que le gouvernement allait maintenir sa subvention de 10 milliards de francs CFA aux cotonculteurs, le système envisagé consistant à offrir une sorte de bonus proportionnel à la production de chaque exploitant. « Sur le prix de vente du kilo de coton graine, il y aura un bonus de 15 francs CFA. Chaque paysan qui vendrait une certaine quantité sera évaluée à l’unité de mesure », a précisé le ministre. Pas sûr cependant que cela incitera les agriculteurs à maintenir leur niveau de production. Dans la foulée de l’annonce du nouveau prix, plusieurs journaux locaux se sont fait l’écho de paysans dépités, qui envisageaient d’abandonner la culture du coton cette année. Une inclination qui pourrait avoir de lourdes conséquences : la filière coton, qui représente 8 % du PIB malien, fait vivre de près ou de loin près de 5 millions de nationaux sur une population totale de 19 millions de personnes.
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