Mines : où investir en 2020 ?
Avec un sixième de la surface des terres émergées de la planète, l’Afrique concentre 30 % des réserves minières mondiales. Une richesse géologique considérable qui repose sur quelques pays et minerais leaders, étudiés en détail dans le dernier rapport Where to invest in Africa 2020 (« Où investir en Afrique en 2020 ») de la banque d’affaires sud-africaine Rand Merchant Bank (RMB). Tour d’horizon.
Les pays qui ont la cote
- République Démocratique du Congo
La RDC est un vrai « scandale géologique », a-t-on coutume de dire pour évoquer son potentiel minier, incontestablement parmi les plus riches de la planète avec un sous-sol regorgeant de presque toutes les ressources minérales. Le chiffre avancé traditionnellement pour quantifier ce potentiel est de 24 000 milliards de dollars, mais les estimations varient grandement selon les sources et les études, avec des données très disparates. Quoi qu’il en soit, la puissance de la filière dans le pays (plus de 80 % des recettes d’exportation) est une évidence, de même que ses solides perspectives de croissance. Au premier rang des spécialités minières congolaises, le cobalt – dont la RDC est le premier producteur avec 60 % de l’offre globale –, un minerai stratégique pour l’industrie automobile, et dont les besoins mondiaux ne cessent de croître. Résultat, en dépit d’un environnement opérationnel souvent contraignant (difficultés d’approvisionnement en eau et en électricité, infrastructures d’évacuation des minerais peu performantes) et d’un nouveau code minier – promulgué en mars 2018 – moins favorable à l’industrie minière que la mouture précédente, le géant d’Afrique centrale reste, par l’importance et la diversité de ses ressources, une destination incontournable.
- La Namibie
Située en Afrique australe,la Namibie tire sa force d’un secteur minier riche et diversifié : diamants, cuivre, mais aussi uranium avec le site de Husab, troisième mine d’uranium à ciel ouvert du monde. De fait, estimé à 1,8 milliard de dollars en 2019 selon l’agence de notation Fitch, le secteur minier namibien a contribué à 12,1 % de la croissance nationale. Le pays offre par ailleurs un excellent niveau de protection aux investisseurs étrangers, et dispose en outre de solides infrastructures et d’une stabilité politique éprouvée. Autant d’atouts qui expliquent la très bonne note attribuée à la Namibie par le Fraser Institute (80/100), un indice prenant en compte le potentiel minéral et les politiques minières en vigueur dans les pays concernés.
- Burkina Faso
Longtemps petit Poucet minier,le Burkina Faso fait désormais l’objet d’un intérêt croissant de la part des investisseurs, notamment dans le secteur aurifère. De moins d’une tonne par an au début des années 2000, la production annuelle d’or du pays oscille aujourd’hui entre 50 et 60 tonnes (52,66 tonnes en 2018, sans compter la production artisanale, qui s’élèverait, d’après les autorités, à environ 10 tonnes) et représenterait, selon les statistiques de la Banque mondiale, 17 % de la valeur des exportations du pays. Un niveau qui devrait encore augmenter dans les prochaines années avec l’opérationnalisation de la mine de Wahgnion – exploitée par Teranga Gold (réserves estimées à plus de 37 t) et la construction des mines de Bomboré (réserves estimées à plus de 28 t) et Sambrado. Seul bémol, les prospections sont aujourd’hui freinées par le contexte sécuritaire tendu du pays.
Au-delà des trois pays précités, RMB mentionne également les autres valeurs sûres du continent que sont l’Afrique du Sud – première puissance minière d’Afrique –, le Cameroun (bauxite, nickel et fer) – qui pourrait bientôt disposer des plus importantes réserves mondiales de bauxite prouvées, avec un potentiel estimé à environ 2 milliards de tonnes –, la Guinée (bauxite et fer) – classée juridiction minière la plus attractive au monde en matière de potentiel minéral par le dernier sondage du Fraser Institute – le Ghana (or), devenu en 2018 le premier producteur africain d’or, et enfin l’Érythrée avec le grand projet de sulfate de potasse de Colluli, présenté comme un atout de taille pour relancer l’économie nationale.
Les minerais qui ont la cote
- L’or
À l’heure où nous écrivons ces lignes, l’once d’or culmine à 1 660 dollars sur les marchés internationaux. Une progression spectaculaire de plus de 400 dollars en un an, qui draine dans son sillage les projets les plus ambitieux. On citera notamment celui de la mine d’or de Namdini au Ghana, opérée par la compagnie minière Cardinal Resources, et qui pourrait produire 4,2 millions d’onces d’or (130 t) sur une durée de vie de 15 ans. Si le bouclage financier est réalisé comme escompté au premier semestre 2020, le site devrait livrer son premier lingot d’or au second semestre 2022.
- Le cobalt
En 2020, le cours du cobalt continue sur sa belle lancée. Dopé par une forte demande mondiale résolument orientée à la hausse sur le long terme, ce minerai est particulièrement prisé de l’industrie automobile (fabrication de voitures électriques), dont les besoins pourraient passer de 90 000 tonnes/an à 122 000 tonnes/an à l’horizon 2025.
- Le palladium
Utilisé entre autres pour fabriquer les pots catalytiques des voitures à essence et hybrides afin de réduire les émissions polluantes, le palladium est sur une pente ascendante depuis l’année dernière, où il a franchi pour la première fois de son histoire les 2 500 dollars l’once, plus que l’or. Le « moins connu des métaux précieux » a ainsi enregistré une hausse de 60 % en 2019 et poursuit sur cette lancée (+ 42 %) depuis début 2020. En Afrique, on le produit principalement en Afrique australe, notamment en Afrique du Sud, qui assure à peu près 40 % de la production mondiale, à égalité avec la Russie.
- Le rhodium
Encore méconnu il y a quelques années, le rhodium s’est très vite imposé comme un métal hautement stratégique. Plébiscité dans le milieu de l’industrie automobile pour ses vertus anti-pollution (il est principalement utilisé dans la fabrication des pots catalytiques, car il permet de limiter l’émission de gaz polluants, notamment l’oxyde d’azote), il a récemment vu son prix s’envoler, au point d’être considéré comme le métal le plus cher du monde. Depuis le 1er janvier, son cours a ainsi presque doublé, passant de 6 000 à 11 500 dollars l’once, soit sept fois plus que l’or. L’Afrique du Sud extrait à elle seule entre 80 % et 85 % de la production mondiale, le reste se partageant entre la Russie et l’ensemble des autres pays du monde.
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À ces minerais à suivre de près en 2020, on ajoutera la longue liste des terres rares, très utilisées dans les nouvelles technologies (téléphonie mobile, voitures électriques, industrie militaire…) et dopées par une demande mondiale sans cesse croissante (voir notre article : Terres rares : l’Afrique, nouvel Eldorado ?). Autant d’atouts miniers prisés du monde entier et dont regorgent les pays africains. Reste à savoir s’i ceux-ci pourront réellement profiter de cette manne, les incertitudes liées à l’environnement des affaires, au déficit d’infrastructures, à une fiscalité parfois fantaisiste et à l’inclusion financière des populations locales demeurant des défis plus que jamais d’actualité.