Pour la filière caoutchouc, une sombre année 2020 en perspective
L’enjeu : évaluer l’impact de la crise née du coronavirus sur les filières caoutchouc, notamment en Afrique
Selon l’Association des pays producteurs de caoutchouc naturel (ANRPC), la production mondiale de caoutchouc naturel devrait chuter de près de 5 % en 2020, en raison de la crise économique née de la pandémie du Covid-19, qui a provoqué une baisse globale de la demande. Une morosité qui affectera de facto les pays africains producteurs.
Dans son communiqué, publié le 1er juin, l’ANRPC se désole que « l’apparition de la pandémie de Covid-19 a plongé l’industrie mondiale du caoutchouc dans l’une des pires crises de ces dernières décennies et a plongé dans le chaos les acteurs de toute la chaîne de valeur ». Pour rappel, l’organisation, qui regroupe les principales nations productrices de latex, prévoyait encore au début de l’année 2020 une augmentation de la production et de la demande (de 3,8 % et 2,7 % respectivement). Depuis, la crise liée à la pandémie a bouleversé l’ensemble de l’économie mondiale, notamment l’industrie automobile, principale utilisatrice du caoutchouc naturel pour la fabrication des pneumatiques. Le japonais Bridgestone, premier fabricant de pneus automobiles au monde, a du ainsi suspendre ses activités dans certaines usines fin avril et début mai.
Même morosité attendue parmi les principaux pays importateurs : toujours selon les estimations de l’ANRPC, les importations de caoutchouc naturel en provenance de Chine, premier consommateur mondial, devraient ainsi chuter de 5,1 % par rapport à l’année dernière pour atteindre 4,8 millions de tonnes, tandis que la demande venue d’Inde, deuxième consommateur mondial de caoutchouc, pourrait se contracter de…21,3 %. Résultat, la production mondiale de caoutchouc naturel (par opposition au caoutchouc synthétique, fabriqué à partir du pétrole) devrait baisser de 4,7 %, à 13,13 millions de tonnes. Une conjoncture défavorable qui, sur le court terme, affectera mécaniquement les principaux pays africains producteurs (le Liberia, le Cameroun, le Nigeria, le Ghana et surtout la Côte d’Ivoire [plus de 70 % de la production africaine]). Pas de quoi cependant modifier les plans d’expansion des grands opérateurs africains de la filière, qui raisonnent sur des cycles longs. L’agro-industriel ivoirien Sifca, a ainsi inauguré en mars la deuxième unité de transformation (du latex) de sa filiale ghanéenne, Ghana Rubber Estates Limited (Grel). Les affaires continuent, crise ou pas.
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