Selon le rapport Africa Energy Outlook, ce sera plein gaz pour la filière gaz africaine !

La Chambre africaine de l’énergie (CAE) a publié fin novembre son premier rapport annuel sur les perspectives énergétiques du continent. L’étude parie notamment sur la forte progression de la filière gaz au cours des prochaines années.

Lancé le 28 novembre, l’Africa Energy Outlook 2020 se veut résolument optimiste sur les évolutions futures du secteur. S’agissant du pétrole, l’Association interprofessionnelle des métiers de l’énergie en Afrique estime que « la dynamique de reprise des cours, amorcée en 2019, devrait se poursuivre en 2020, avec une fourchette de fluctuation comprise entre 60 et 70 dollars le baril, conforme à la moyenne historique des prix sur le long terme ». C’est néanmoins la branche gaz qui devrait le plus profiter de la croissance attendue dans les prochaines années. Découverte du gisement de Zohr en Égypte, nouveaux projets gaziers massifs en Mauritanie et au Sénégal (Grand Tortue Ahmeyim, Orca-1), lancement des complexes GNL Dolphin Tuna et Rovuma au Mozambique… Au total, c’est près de 200 trillions de pieds cubes de réserves de gaz qui ont été mis à jour sur le continent au cours de la dernière décennie, soit suffisamment pour fournir les deux tiers de la demande mondiale actuelle durant vingt ans, précise la CAE. En conséquence, la filière gaz africaine n’a jamais attiré autant d’investissements, notamment sur le segment des infrastructures de gaz naturel liquéfié (GNL), destinées aux exportations. Le cabinet d’analyse Akap Energy estime pour sa part que plus de 75 milliards de dollars seront engagés dans le secteur jusqu’en 2025, les deux tiers de ce montant allant au seul Mozambique, nouvel eldorado gazier africain. Résultat : la production africaine de GNL devrait tripler d’ici le milieu de la prochaine décennie, passant de 28 millions de tonnes en 2018 (10 % des volumes mondiaux) à 84 millions de tonnes en 2025 (15 à 20 % de la production globale), selon l’Africa Energy Outlook.


Le gaz naturel liquéfié, un segment qui devrait fortement progresser sur le continent (données en millions de tonnes exportées par an) .
Source : Akap Energy

Le rapport fait par ailleurs ressortir que les principaux projets et investissements sont situés à l’est du continent, la proximité des zones de production avec les grands marchés d’importation asiatiques (Inde, Chine, Japon…) étant perçue comme décisive au moment de valider le lancement de ces méga-projets. Les 50 milliards de dollars qui doivent être engagés dans le gaz mozambicain entre 2017 et 2025 par Exxon et Total (anciennement Anadarko) – un ordre de grandeur trois fois supérieur au PIB actuel du pays (15 milliards de dollars) – en sont le meilleur exemple. Enfin, l’étude confirme la montée en puissance spectaculaire de la Chine au niveau de la demande pour le GNL africain. Quatrième client du continent – derrière l’Inde, l’Espagne et la France –, l’Empire du Milieu a vu ses importations croître de… 223 % en 2018. Une progression énorme du géant asiatique qui pourrait rebattre à terme les cartes du secteur…


L’Afrique dans les importations chinoises de LNG : une part encore faible (7 %) mais en très forte progression (+ 223 % en 2018).
Source : International Gas Union