Note de campagne
Les tendances du marché, vues par Stanislas Zézé, PDG de l’agence de notation Bloomfield Investment Corporation
La campagne cacaoyère 2018/2019 a démarré le 1er octobre 2018 en Côte d’Ivoire. La production ivoirienne de fèves brutes est attendue en hausse pour cette campagne et pourrait atteindre environ 2,2 millions de tonnes. À la date du 24 février 2019, les arrivées cumulées de cacao dans les ports ivoiriens s’élevaient à 1,469 million de tonnes, soit une progression de 9,38 % par rapport à la même période lors de la campagne précédente. Quant au prix d’achat au producteur, il a été fixé à 750 FCFA, contre 700 FCFA pour la saison 2017/2018.
Particularité de la campagne en cours : à l’instar du Ghana, le Conseil du Café-Cacao, organe de régulation de la filière en Côte d’Ivoire, aurait vendu 400 000 tonnes de fèves (environ un cinquième de la récolte annuelle) directement au négoce international. Un fait inhabituel, car depuis la campagne 2012/2013, le mécanisme de commercialisation extérieure des fèves se caractérise par un système de vente à terme de droits d’exportation à travers une mise aux enchères. Les raisons précises de cette initiative n’ont fait l’objet d’aucun commentaire de la part des autorités ivoiriennes. Toute chose qui semble confirmer l’intention du pays de rapprocher son système de régulation de celui du Ghana, considéré plus résilient aux chocs. Pour rappel, depuis 2017, année où les cours avaient chuté d’environ 40 % en un an et demi, la Côte d’Ivoire et le Ghana ont décidé d’opérer un rapprochement stratégique afin de peser davantage sur l’économie cacaoyère mondiale.
Par ailleurs, on peut redouter que pour cette campagne, le secteur bancaire ralentisse ses financements à l’endroit des opérateurs. En effet, s’ajoutant à la chute brutale des cours du cacao en 2016/2017 et à la non exécution des contrats, la mise en liquidation au second semestre 2018 du principal exportateur national (le groupe SAF Cacao), sur lequel pesaient de lourdes dettes (quelque 150 milliards de FCFA), avait fortement perturbé le secteur financier ivoirien.
Enfin, au niveau international, certains analystes estiment que les cours mondiaux d’or brun devraient s’établir en hausse d’environ 2 % en 2019 par rapport à la moyenne de 2018. Une perspective favorable à la filière et à la balance commerciale ivoirienne.
Pour aller plus loin, retrouvez l’interview complète de Stanislas Zézé en vidéo ici.