Ghana : chocolat militant
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Chocolat émergent
Les unités de transformation présentes dans le pays totalisent une capacité installée de broyage d’un peu plus de 400 000 tonnes – soit près de la moitié de la récolte moyenne enregistrée au cours des trois dernières années –, avec un monopole assuré par Cargill, Olam et Barry Callebaut, qui contrôlent plus ou moins 50 % du marché. Les principaux transformateurs locaux (Cocoa Processing Company Limited, Plot Ghana, Ceres Demeter Limited…) fabriquent des produits semi-finis de type liqueur, beurre, tourteau et poudre de cacao, et vont pour certains jusqu’aux produits finis comme le chocolat en poudre à boire (Ceres Demeter Limited), les barres chocolatées, tablettes, pâtes à tartiner, dragées et chocolat de couverture (Cocoa Processing Company Limited et son chocolat signature Golden Tree, Niche Cocoa Industry Limited).
La fabrication locale de produits finis à base de cacao, encore embryonnaire, représente quant à elle 2 à 5 % de la production totale, et le secteur de la confiserie, générateur d’une importante valeur ajoutée, s’impose de plus en plus comme la voie à suivre, même si des efforts restent à accomplir pour intégrer le chocolat aux habitudes alimentaires des Ghanéens. Afin de développer le marché local (la consommation moyenne ghanéenne de chocolat s’élève à environ 0,5 kilo/habitant/an, contre plus de 2 kilos pour l’Europe et… globalement 0,13 kilo sur le continent africain), les autorités ont lancé des campagnes de marketing et de sensibilisation du grand public, vantant les bienfaits du cacao pour la santé et exhortant les Ghanéens à prioriser la consommation du chocolat local sur le chocolat importé. C’est notamment dans cette optique que la Saint-Valentin a été décrétée Journée nationale du chocolat, tandis qu’à la rentrée scolaire 2017/2018, le président Nana Akufo-Addo a lancé le programme « Un étudiant, un chocolat », qui vise à mettre gratuitement à disposition des écoliers et étudiants une boisson ou une barre chocolatée par jour. Cette dernière initiative, qui valorise le chocolat comme produit de santé publique, a reçu le soutien de plusieurs fabricants locaux et internationaux ainsi que des ministères.
Depuis quelques années, une tendance au « made in Ghana » se profile et plusieurs chocolatiers, sentant le vent tourner, ont fait le pari du chocolat ghanéen. Une initiative qui fait d’autant plus sens que le cacao local, favorisé par un terroir idéal et des méthodes de fermentation artisanales, est réputé pour son excellente qualité. Ces particularités, reconnues bien au-delà des frontières nationales, valent d’ailleurs aux fèves du pays de se négocier avec prime sur le marché international.